Dans le monde professionnel, être « responsable mais pas coupable » est une notion de plus en plus cruciale. Ce concept invite à redéfinir la frontière entre responsabilité et imputabilité dans les entreprises modernes. Alors que la responsabilité implique de prendre en charge une tâche ou une mission, l’imputabilité ajoute une dimension de jugement et de sanction potentielle en cas d’échec. Mais est-il juste d’imputer automatiquement des conséquences négatives à ceux qui assument des responsabilités ? En abordant cette question complexe, cet article vous propose d’explorer comment l’imputabilité et la responsabilité peuvent être perçues et appliquées dans un cadre juste et encourageant pour les collaborateurs.
Nous verrons que loin d’être une excuse pour éviter les conséquences, ce concept nous invite à repenser la manière dont nous attribuons la responsabilité en cas de défaillance, tout en favorisant un climat de confiance, d’innovation et de résilience organisationnelle.
1- La nuance de l’imputabilité
L’imputabilité est un concept étroitement lié à la responsabilité, mais il possède une nuance distincte. Être imputable signifie non seulement accepter la responsabilité de ses actions, mais aussi être prêt à accepter et à endosser les conséquences négatives de ses actions ou décisions. Cela signifie que l’on est prêt à être évalué, critiqué et, si nécessaire, sanctionné pour ses choix, ses actes.
La distinction entre responsabilité et culpabilité est donc essentielle dans un monde où la complexité des décisions et des actions est la norme. En affaires, en politique et dans la vie quotidienne, les individus doivent prendre des décisions qui peuvent avoir des conséquences imprévues. Il est injuste de présumer la culpabilité en cas d’échec ou de résultats indésirables, car cela dissuaderait les gens de prendre des risques et d’innover. Responsable, oui, mais pas toujours coupable !
ÉTUDE DE CAS
DYSFONCTIONNEMENT OBSERVÉ
Une équipe de production a dû mettre au rebut 60% des pièces réalisées dans la journée suite à un contrôle qualité.
L’analyse du dysfonctionnement met en évidence le fait que le service des achats a changé de fournisseur sur la matière première sans en avertir l’équipe. La matière livrée comportait des défauts. Peut-on imputer la mise au rebut des pièces défectueuses à l’équipe ?
Eh bien la réponse dépend justement du niveau de responsabilisation accordé à l’équipe. Si on a donné à l’équipe le pouvoir de choisir elle-même le fournisseur et d’en contrôler les produits, alors oui on peut lui imputer l’échec. Mais si cette activité reste dans les mains des achats alors on ne peut pas imputer l’échec à l’équipe. Or souvent on va imputer l’échec à l’équipe de production au prétexte qu’elle aurait dû vérifier la matière première. Ce faisant on amalgame responsabilité et imputabilité.
On ne peut donc parler d’imputabilité que dans la mesure où on a clairement défini le périmètre de responsabilité d’une personne ou d’un collaborateur.
2- Responsable mais pas coupable, exemples dans la vie réelle
L’idée d’être responsable sans être coupable se manifeste dans de nombreux domaines de la société. Par exemple, dans les sciences médicales, les médecins peuvent prendre des décisions éclairées en se basant sur les meilleures informations disponibles, mais les résultats ne sont pas toujours positifs. Ils sont responsables de leurs décisions médicales, mais cela ne signifie pas qu’ils sont automatiquement coupables d’erreurs médicales.
De même, les dirigeants politiques prennent des décisions complexes qui ont un impact sur la vie de millions de personnes. Si une politique ne produit pas les résultats attendus, ils sont tenus responsables de leurs décisions, mais cela ne signifie pas qu’ils sont coupables d’intentions malveillantes.
3- Les dangers de l’évitement de la responsabilité
Lorsque la société adopte une approche simpliste de la responsabilité, en supposant automatiquement la culpabilité en cas d’échec, elle crée un climat de peur et d’évitement des responsabilités. Les individus sont moins enclins à prendre des risques, à innover et à tenter des solutions nouvelles, de peur d’être accusés de mauvaise foi.
D’où l’importance de garantir que l’imputabilité ne devienne pas un outil de punition ou de blâme excessif.
Il est alors nécessaire de promouvoir une culture qui valorise l’apprentissage à partir des erreurs plutôt que leur sanction.
Être responsable ne signifie pas automatiquement être coupable, et cette nuance est essentielle pour promouvoir une culture de la confiance, de l’innovation et de l’amélioration continue.
« Responsable mais pas coupable » ne signifie pas se dédouaner de ses actions ; cela invite plutôt à une gestion éclairée des responsabilités, où l’erreur devient source d’apprentissage et non de condamnation. Pour encourager l’innovation et la prise de risque, nous invitons nos clients à différencier la responsabilité de l’imputabilité. Comment ? En promouvant une culture managériale, des postures et des pratiques qui valorisent la transparence et la confiance. D’ailleurs, cette réflexion peut être élargie à d’autres sujets tels que la gestion des risques, la transparence décisionnelle ou encore l’éthique managériale, sujets que nous explorons dans notre blog.
Dans un monde complexe, il est temps de reconnaître la valeur de la responsabilité sans culpabilité, car c’est ainsi que nous progresserons collectivement vers un avenir meilleur.
Le sujet de la responsabilisation des entreprises nous est cher au sein de Cinaps 😊. Si vous voulez en savoir plus sur la démarche pour responsabiliser vos équipes, nous vous invitons à visionner notre webinaire sur ce sujet.
Frédéric Botter – Consultant et formateur