Driiiiing c’est la rentrée ! Les vacances sont finies. Terminée la douceur estivale, le farniente, l’insouciance, la sérénité de l’esprit. Place au stress ! Il est l’heure de reprendre le chemin du travail et de retrouver tous les petits plaisirs du quotidien : la course du matin pour déposer les enfants à l’école, le métro bondé aux heures de pointes, les collègues, ceux que l’on apprécie bien sûr et les autres, qui nous irritent, qui nous agacent. Les clients pas toujours très compréhensifs, ces dossiers sur lesquels on n’a pas forcément envie de travailler, la cantine pas terrible, le métro (encore), la météo capricieuse, l’actualité anxiogène, les gens énervants…
Bref, plein de bonnes raisons de voir vite s’envoler les bénéfices de notre été. D’ailleurs, d’après des recherches menées par Sabine Sonnentag (professeur en psychologie du travail à l’université de Mannheim), l’effet positif des vacances ne durerait finalement que 2 à 4 semaines au bout desquelles le niveau de stress et de fatigue redeviendrait équivalent à celui d’avant les congés. Rapidement, toutes sortes de situations du quotidien nous agressent et nous ramènent donc à l’état de tension émotionnelle d’avant la parenthèse estivale… Merci la vie.
Alors comment faire ? Comment ne pas se laisser impacter par toutes ces situations désagréables qui nous déstabilisent et génèrent chez nous stress, irritation, fatigue ?
Etant donné que vouloir prolonger les effets positifs des vacances semble être une gageure vues nos vies à mille à l’heure, comment pourrions-nous plus concrètement nous préserver mentalement du stress quotidien?
Une piste que je vous propose d’explorer ici consiste à chercher à réguler le stress induit par ces situations désagréables. C’est l’un des axes fondamentaux de l’intelligence émotionnelle : être capable de réguler ses émotions négatives. Il existe différents moyens pour réduire cet impact : l’idée est de faire œuvrer ces 5 stratégies de concert pour ne plus se laisser polluer par les soucis du quotidien.
STRATEGIE N°1 : gérer une situation stressante
Cela peut sembler évident mais en effet si une situation vous contrarie, plutôt que de la subir, de ruminer à son sujet et de laisser le stress vous envahir, la première chose à faire est de voir si vous pouvez agir sur la situation en question pour la modifier. Montrez-vous proactif. Soit de façon directe (changer enfin ce siège de bureau laid et inconfortable qui perturbe votre sens de l’esthétisme) soit de façon indirecte en demandant de l’aide ou l’intervention d’un tiers (appeler un technicien pour enfin réparer cette imprimante qui ne fonctionne plus depuis des semaines). C’est basique, mais c’est important de le rappeler : la rumination et la victimisation n’apporteront aucun bénéfice à votre mental et ne feront que nourrir votre stress !
STRATEGIE N°2 : ré-orienter son attention pour sortir du stress
C’est une autre façon de dire « penser à autre chose », arrêter de rester focalisé sur la situation négative. Il peut s’agir soit de « penser » à autre chose au sens pur (se remémorer cette chouette randonnée en Ardèche cet été, penser au weekend entre amis qui arrive dans 15 jours plutôt que focaliser sur cette remarque désagréable d’un de nos collègues) ou alors se changer les idées en pratiquant une activité (sport, lecture, sortie, télé) qui nous divertit et nous détend. Attention toutefois, il ne s’agit pas de cacher son stress sous le tapis et d’être dans le déni de la situation comme « se réfugier dans le travail pour oublier ses problèmes de couple ». Il est plutôt question ici de s’aérer l’esprit pour sortir de la spirale infernale de la rumination et être capable ensuite d’agir sur la situation ou de la ré-évaluer.
STRATEGIE N°3 : ré-évaluer la situation angoissante
C’est le niveau d’au-dessus, l’objectif ici n’est pas simplement de se changer les idées mais de modifier réellement sa perception de la situation. Cette stratégie implique un véritable effort cognitif car il nécessite d’aller à l’encontre de notre mode de pensée automatique, de nos croyances. Ré-évaluer une situation n’est pas un réflexe naturel. Il faut prendre conscience de nos filtres individuels et apprendre à les mettre en sourdine pour voir les événements sous un angle différent. Sortir des modes de pensée du type « tout ou rien », toujours/jamais, la généralisation, la négativité permanente, le catastrophisme ou la personnalisation (« c’est ma faute si le projet échoue, je suis nul(le) »). Au contraire, il faut s’efforcer à relativiser les situations : « L’entreprise ne va pas couler si j’arrive en retard ce matin », « Comparée à la guerre, aux civils tués en Irak, cette réflexion de mon manager semble bien dérisoire ». Je caricature un peu, mais vous comprenez l’idée.
Je vous invite à lire l’article sur les 4 Accords Toltèques : ils sont une excellente source d’enseignement sur le sujet et permettent vraiment de relativiser les événements et de donner moins de carburant à notre moteur à stress.
Le changement cognitif c’est aussi chercher le positif derrière une situation à priori négative, à titre d’illustration : beaucoup de gens ont su tirer du positif des périodes de confinement en apprenant la cuisine, en se remettant au sport ou se recentrant sur leurs familles !
Il s’agit d’un véritable effort pour qui est d’un naturel plutôt négatif mais en s’efforçant intellectuellement à trouver une ou deux choses positives dans les situations qui à priori ne le sont pas, le mécanisme deviendra pour vous de plus en plus naturel !
Et enfin, une dernière catégorie de changement cognitif, c’est le lâcher-prise. Accepter la situation telle qu’elle est. C’est délicat car il ne faut pas confondre l’acceptation avec l’abandon. Il ne s’agit pas de subir en faisant le dos rond ou de baisser les bras mais bien de prendre la décision en conscience d’arrêter de se battre dans le vent et de mettre notre énergie dans un combat perdu d’avance. Les transports en commun sont un excellent moyen de s’entrainer au lâcher-prise et à l’acceptation, vous devriez essayer. Le prochaine fois que votre train du matin est supprimé, essayez cette posture d’accueil « bon, mon train est supprimé, c’est pénible je vais être en retard mais c’est comme ça, je ne vais pas me stresser pour autant, je prendrai le suivant ».
STRATEGIE N°4 : en parler
Nous sommes des animaux sociaux, communiquer fait partie de notre nature. Ainsi face à des situations ou des événements vraiment très désagréables, le fait d’en parler à quelqu’un de proche permet d’obtenir soutien, réconfort, affection, de retrouver l’estime de soi, d’obtenir de l’aide ou des conseils, se changer les idées et ainsi de réduire la charge émotionnelle et le stress. En nous écoutant, l’autre peut nous permettre de ré-orienter notre attention (Stratégie 2) ou de ré-évaluer la situation (Stratégie 3).
D’autre part, si la personne à qui l’on s’adresse est pour tout ou en partie responsable de nos désagréments (il nous a fait une remarque blessante ou nous a causé du tort de quelque manière), il est important de pouvoir en parler avec lui, lui exprimer nos ressentis afin de chercher à résoudre ensemble la situation ou de lever un malentendu. Bien sûr, afin de préserver la relation, cela doit se faire dans le respect, sous la forme d’une communication positive.
L’expression émotionnelle peut aussi passer par une autre forme de communication. Je m’explique : les travaux du psychologue américain Pennebaker ont porté sur l’impact positif de l’expression émotionnelle par écrit (à travers la tenue d’un journal par exemple). Cette solution peut représenter une belle piste d’exploration pour des personnes plus introverties qui souhaitent néanmoins pouvoir exprimer, mettre des mots sur leurs émotions.
STRATEGIE N°5 : les techniques physio-relaxante face au stress
L’objectif est d’agir directement sur le corps et les sens pour « se détendre » et réduire les impacts physiques du stress : faire du sport, écouter de la musique, s’offrir un massage, faire un câlin à son/sa chéri(e) mais aussi méditation, relaxation, bain parfumé… La liste est infinie et propre à chacun. A vous de trouver ce qui vous fait du bien et vous aide à vous ressourcer au quotidien. Je vous partage un de mes tips. Moi depuis quelques temps je fais 5 minutes de cohérence cardiaque 1 à 3 fois par jour : les effets positifs sur le mental après quelques semaines de pratique ont été prouvés scientifiquement et révèlent notamment une meilleure capacité à faire face au stress !
Attention également aux faux amis comme l’alcool ou le tabac. Bien qu’ils permettent de ressentir un sentiment de détente, leur consommation excessive est néfaste tant sur le plan de la santé physique que mentale. Ce sont des avatars, des imposteurs de la gestion du stress. A consommer avec modération donc.
Vous connaissez donc maintenant les 5 stratégies qui permettent de faire face à des situations quotidiennes qui nous assaillent et entraînent chez nous stress et agacement. L’objectif est de mettre en œuvre ces 5 stratégies pour cesser de subir et savoir (ré)agir.
Vous venez d’avoir un échange très tendu avec un collaborateur ? D’abord allez vous aérer un peu (Stratégie 5) pour réfléchir à la situation et la ré-évaluer (Stratégie 3) avant d’aller en reparler avec lui (Stratégie 4).
Je vous souhaite une excellente rentrée 2023 !
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